Le Value Averaging : un DCA amélioré ? - Apprendre à Investir (2024)

Le Value Averaging : un DCA amélioré ? - Apprendre à Investir (1)

Le Dollar Cost Averaging (DCA) et le Value Averaging (VA) sont deux méthodes qui permettent de lisser un investissem*nt dans le temps. La première est largement vulgarisée, la seconde est assez méconnue dans le monde francophone, mais non moins redoutable.

Leur utilisation se pose lorsque l’on a une somme importante à investir. Il ne s’agit donc pas de l’épargne mensuelle, qui est naturellement investie selon la méthode du DCA.

Quels sont les avantages et inconvénients de ces méthodes ? En quoi le Value Averaging permet-il d’améliorer le DCA ?

Dans un premier temps, il peut être utile de revenir sur les spécificités du DCA face au Lump Sum (si vous connaissez déjà bien le DCA, vous pouvez passer directement à la partie suivante sur le Value Averaging).

Définition : Dollar Cost Averaging et Lump Sum

Le Dollar Cost Averaging (DCA) est une expression presque barbare que l’on pourrait traduire simplement par «la moyennisation du coût en Dollar». On parle évidemment du coût d’investissem*nt, de la valeur des actions, parts d’ETF et autres actifs cotés sur les marchés.

On pourrait parler de Cost Averaging (CA), car le mot Dollar ne s’applique que si l’on utilise cette devise. Mais comme l’expression «Euro Cost Averaging» n’est jamais employée, et que tout le monde utilise DCA, ainsi soit-il.

Le Dollar Cost Averaging (DCA) consiste à fractionner une somme à investir. Il s’agit de ne pas tout investir en une seule fois, que l’on appelle parfois Lump Sum (LS), et qui pourrait se traduire par «somme globale»

Par exemple, si vous avez 10 000 € à investir, vous pouvez fractionner ce montant en 10 tranches de 1 000 €, qui seront investies à intervalles réguliers (par exemple, chaque mois).

Pourquoi ne pas investir une somme d’argent d’un seul coup ?

La question mérite d’être posée, car la réponse paraît contradictoire, à première vue.

Dansune étuderéalisée sur l’indice MSCI World et prenant en compte la période 1976-2022, Vanguard a conclu que le Lump Sum (LS) est plus performant que le DCA 2/3 du temps (dans 68 % des cas exactement).

Plus spécifiquement, l’investissem*nt en une fois bat le DCA dans la plupart des conditions de marché, à l’exception des pires résultats historiques (en dessous du 25ᵉ percentile).

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En outre, la conclusion reste inchangée (LS > DCA), que l’on considère un portefeuille composé de 100 % d’actions, ou d’un mix actions/obligations.

L’écart est simplement plus grand entre LS et DCA dans le cas d’un investissem*nt à 100 % en actions. Cela s’explique par la prise de risque induite par les actions, qui permettent d’obtenir des résultats plus volatils (plus de performance dans les scénarios de hausse du marché, plus de pertes dans les scénarios de baisse).

Le graphique suivant montre que le fait d’étaler un investissem*nt dans le temps «moyennise» les résultats obtenus : le DCA a un effet protecteur durant les marchés baissiers, mais freine la croissance du portefeuille en marchés haussiers.

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Plus le DCA est étalé dans le temps (6 mois sur le graphique de droite contre 3 mois à gauche), plus la «moyennisation» est forte.

Enfin, on peut noter que la surperformance du Lump Sum face au DCA est avérée quel que soit le marché considéré, et qu’il s’agisse d’un DCA fractionné sur 3, 4, 5 ou 6 mois.

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Les probabilités suggèrent donc qu’il est plus avisé d’investir le plus rapidement possible, et de ne jamais reporter un investissem*nt.

Pourtant, le DCA peut s’avérer judicieux à utiliser, car certains investisseurs ne cherchent pas à maximiser les gains, mais à minimiser les mouvements baissiers. Pour eux, le DCA comporte plusieurs avantages :

  • Psychologique: il permet de réduire l’anxiété liée à une baisse potentielle après l’achat.
  • Réduction des risques: si les cours chutent après l’achat, la perte est réduite car seule une partie de la somme a été investie.
  • Amélioration du coût d’achat moyen: si une chute se produit durant la période d’investissem*nt étalée, le coût d’achat moyen sera réduit, ce qui accélèrera mécaniquement l’arrivée des premières plus-values.

Le DCA est donc plus rassurant à utiliser, en permettant de maîtriser les risques en cas de chute. Car si le marché venait à baisser, la douleur de la perte serait bien supérieure à la satisfaction du gain provoqué par un marché haussier.

La méthode du DCA permet de prendre en comptela psychologie des investisseurs, qui est importante parce qu’elle est souvent à l’origine de pertes et de contre-performances.

Cependant, le fractionnement d’un investissem*nt dans le temps comporte un inconvénient majeur : si les prix montent (et c’est ce qu’ils font la plupart du temps), le DCA retardera l’investissem*nt et réduira la performance.

Il peut donc y avoir un coût d’opportunité, invisible, à utiliser le DCA.

Le tableau suivant pourrait résumer schématiquement quel type d’investisseurs auraient intérêt à employer le DCA, ou à investir en une seule fois.

Tolérance au risqueLump SumDCA
FaibleNonOui
ÉlevéeOuiNon

Évidemment, ce tableau est simplificateur, et la méthode à utiliser dépend tout autant du type d’investissem*nt, de l’allocation de portefeuille, de l’horizon temporel visé, de l’âge de l’investisseur et de ses objectifs que de sa tolérance au risque.

Dans cette étude, les chercheurs ont analysé un DCA sur 3 à 6 mois, mais le plus souvent, le fractionnement se fait sur 6 à 12 mois.

On peut ainsi légitimement penser qu’un DCA sur 12 mois est statistiquement moins performant qu’un DCA sur 3 ou 6 mois, et que la différence avec le LS est encore plus importante.

Néanmoins, en cas de krach boursier, un fractionnement sur 12 mois donnera de multiples opportunités pour acheter plus bas, réduisant ainsi d’autant plus les potentiels dégâts.

Personnellement, j’aime l’idée d’un fractionnement sur 10 mois, pour des raisons de simplicité et de lisibilité du fractionnement (on investit 10 % chaque mois).

Dans le cas de l’épargne mensuelle, on applique un DCA plus ou moins automatiquement, sans le savoir, car la somme à investir est généralement similaire, d’un mois à l’autre. Si vous êtes entrepreneur, elle ne l’est pas, mais vous pouvez tenter de la lisser en estimant une moyenne sur un an.

Intéressons-nous maintenant au Value Averaging (VA).

Le Value Averaging : un DCA plus évolué

Le Value Averaging (VA) est une méthode d’investissem*nt qui consiste à définir un montant cible à atteindre, puis à ajuster les investissem*nts qui seront effectués en fonction de la cible.

Cette méthode d’investissem*nt semble avoir été popularisée par Michael Edleson dans son livre «Value Averaging : The safe and easy strategy for higher investment returns» (2006).

Contrairement à la méthode du DCA, dans laquelle on investit la même somme chaque mois, dans le cas du Value Averaging, il s’agit d’investir pour atteindre un montant prédéterminé. La somme à investir varie donc chaque mois.

Pour mieux comprendre la différence avec le DCA, voici un exemple dans lequel l’objectif est d’augmenter la valeur d’un portefeuille de 1 000 $ chaque trimestre. Le portefeuille est investi dans un seul titre.

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Si on applique le DCA, il s’agit d’investir 1 000 $ chaque trimestre. La somme investie est toujours la même.

Dans le cas du VA, la logique est un peu différente, puisque l’objectif est que la valeur du portefeuille augmente de 1 000 $ à chaque période. Pour cela, il faut tenir compte des fluctuations de prix du titre.

Le 1ᵉʳ trimestre, le titre vaut 10 $, on achète donc 100 actions pour avoir 1 000 $ en portefeuille. Ici, l’investissem*nt est le même qu’avec le DCA.

Au 2ᵉ trimestre, la valeur du titre a bondi à 12,5 $. La valeur du portefeuille est donc de 12,5 $ x 100 actions = 1 250 $. Pour atteindre l’objectif (le portefeuille doit valoir 2 000 $), il faut donc acheter pour 750 $ d’actions, soit 750 / 12,5 = 60 actions. Il y a donc désormais 160 actions dans le portefeuille.

Au 3ᵉ trimestre, les cours ont baissé à 8 $. La valeur du portefeuille est de 8 $ x 160 actions = 1 280 $. Pour atteindre 3 000 $, il faut acheter pour 1 720 $ d’actions, soit 1 720 / 8 = 215 actions. Et ainsi de suite au 4ᵉ trimestre.

À première vue, la logique est la même que pour le DCA : lorsque les prix monte, on achète moins d’actions, et lorsqu’ils baissent, on en achète davantage.

La différence est que l’effet est bien plus prononcé avec le Value Averaging. Au 2ᵉ trimestre, le VA nous fait acheter 60 titres, contre 80 pour le DCA. Ensuite, au 3ᵉ trimestre, le VA nous fait acheter 215 titres, contre 125 pour le DCA.

Avec le DCA, l’unique raison pour laquelle on achète plus d’actions au 3ᵉ trimestre est que les prix sont plus bas. Avec le Value Averaging, on achète davantage d’actions à la fois parce que les prix sont plus bas, mais aussi parce que l’on prend en compte la valeur du portefeuille, qui a dans l’exemple elle aussi chuté.

Cet effet amplificateur donne ici de meilleurs résultats, puisqu’à l’issue des 4 trimestres, le DCA aurait permis d’obtenir 4 050 $ pour 4 000 $ investis, soit un gain de 50 $, tandis que le VA aurait permis d’obtenir 4 000 $ pour 3 720 $ investis, soit un gain de 280 $.

Le coût d’achat moyen plus intéressant du VA (9,30 $ contre 9,88 $) est à l’origine de ce gain supérieur.

Pour autant, est-ce que le Value Averaging donne réellement de meilleurs résultats que le DCA ?

Pour cela, il faut observer le VA dans différentes conditions de marché.

Les études montrent que le Value Averaging est supérieur au DCA

Une étude de Paul S. Marshall acomparé le VA, le DCA ainsi que des techniques d’investissem*nt aléatoires.

Il démontre que le Value Averaging permet d’obtenir un coût d’achat moyen plus bas que le DCA, aussi bien dans un marché haussier que dans un marché baissier ou simplement fluctuant.

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Également, le Taux de Rendement Interne (IRR – Internal Rate of Return – dans les tableaux) du VA est toujours supérieur au rendement obtenu par le DCA.

L’auteur de l’étude note que les modèles de prix n’ont pas été choisis pour avantager le VA, puisque ce sont ceux qu’utilise Vanguard pour vanter les mérites du DCA.

Le Value Averaging semble donc supérieur au DCA dans plusieurs types de situations.

Son étude nous montre aussi que la VA peut parfois aboutir à la vente d’un certain nombre d’actions, dans le cas où la hausse des prix aurait fortement augmenté la valeur du portefeuille.

C’est notamment le cas lors de la 5ᵉ période, lors du marché haussier simulé, qui exige de vendre 35 actions, alors que le DCA indique simplement d’en acheter moins (25 actions achetées).

Ultérieurement, Marshall confronte le VA aux données historiques du S&P 500, en utilisant des périodes de 5 ans prises au hasard entre les années 1966 et 1998.

L’évolution des prix a été randomisée pour éliminer la tendance haussière observée sur le S&P 500, afin de représenter au mieux les fluctuations du marché boursier. En procédant ainsi, 500 tests différents ont été menés.

Pour faire face à différentes situations possibles, les tests incluent plusieurs paramètres successifs :

  • Différentes variabilités de prix
  • Un marché haussier et un marché baissier
  • Un montant investi qui augmente ou qui baisse
  • Différents horizons d’investissem*nt
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Les résultats sont éloquents, le VA s’est montré statistiquement supérieur dans tous les cas. En moyenne, il permet d’obtenir le meilleur rendement dans 73,5 % des cas, contre 3,9 % pour le DCA.

On remarque que plus les prix sont volatils ou que l’horizon d’investissem*nt est long, plus le VA a de chance d’obtenir les meilleurs résultats.

Étonnamment, même un investissem*nt au hasard semble mieux fonctionner que le DCA.

On peut aussi noter qu’il est intéressant de constater que le VA montre quasiment la même supériorité, que l’on soit en marché haussier ou en marché baissier.

Plus loin dans l’étude, l’auteur montre que l’écart-type moyen est similaire pour les trois méthodes, ce qui tend à prouver que le Value Averaging n’est pas plus risqué que le DCA, ni qu’un investissem*nt au hasard.

Un dernier test, effectué avec les données historiques réelles du S&P 500 entre 1966 et 1989, en isolant 5 périodes consécutives de 20 trimestres chacune, montre que le VA a permis d’obtenir un meilleur rendement, pour toutes les périodes considérées.

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C’est également le cas pour l’ensemble de la période 1966-1989. Comme le souligne l’auteur :

Les preuves que le VA produit effectivement une performance supérieure semblent solides.

Paul S. Marshall

Une étude empirique plus récente confirme la supériorité du VA

Une autreétude publiée sur Seeking Alphacompare VA et DCA dans une période de marché haussier du S&P 500, entre janvier 2015 et mars 2021.

Ici, le DCA investit 1 000 $ par mois dans l’ETF SPDR S&P 500 (SPY), tandis que le VA vise à ce que le portefeuille augmente de 1 000 $ par mois en investissant dans le même ETF.

Comme la période 2015-2021 a été fortement haussière, le VA a exigé d’investir bien moins d’argent que le DCA (65 k$ investis contre 35 k$).

Le DCA a permis de réaliser 5 000 $ de gains en plus, mais avec une somme investie presque deux fois plus importante. Ainsi, en pourcentage, les profits obtenus par le VA sont nettement supérieurs.

Les résultats vont ainsi dans le même sens que l’étude précédente : le rendement d’investissem*nt du Value Averaging est supérieur à celui du DCA.

Fait notable, sur les 35 k$ investis en suivant le VA, 15 k$ l’ont été en trois mois seulement, durant la chute liée au Covid.

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Cela nous montre à quel point le VA peut permettre de saisir des opportunités liées aux baisses de prix, n’hésitant pas à faire investir de fortes sommes si l’occasion est bonne.

Toutefois, le test réalisé ici met en lumière une faiblesse du VA : en fin de période, le VA a investi 30 k$ de moins que le DCA. Si l’on considère qu’un investisseur avait 1 000 $ par mois à investir (soit 75 000 $ en tout sur la période considérée), la hausse des prix fait qu’il a gardé 30 K $ de côté.

On peut considérer que cette somme finira par être investie, potentiellement à des prix plus élevés, s’ils ne retombent plus sous leur niveau de mars 2021

Le coût d’achat moyen final sera donc plus élevé, si la somme «en attente» reste non investie.

L’application du VA nécessiterait donc, si l’on souhaite optimiser la méthode, de placer les sommes non investies sur un fonds monétaire, afin qu’elles génèrent du rendement avant d’être réellement investies sur l’actif cible.

L’auteur de l’article compare ensuite le VA et le DCA en les appliquant sur d’autres actifs, toujours sur la même période.

Dans le cas du Nasdaq (Invesco QQQ Trust ETF), bien plus volatil (et haussier, sur cette période) que le S&P 500, la VA donne des résultats encore supérieurs, puisque les profits sont environ trois fois supérieurs au DCA (352 % contre 119 %).

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Cela rejoint également l’étude précédente, qui a montré que le VA fonctionnait encore mieux dans un marché très volatil.

Dans le cas de l’or (GLD – SPDR Gold Shares ETF), un actif ayant bien moins performé sur la période 2015-2021, la différence entre VA et DCA est atténuée (profits de 34 % contre 26 %), mais le VA reste tout de même supérieur.

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La confrontation des deux méthodes avec les données réelles historiques semble confirmer la supériorité du Value Averaging sur le DCA, quel que soit le type d’actif et sa performance.

VA et DCA appliqués à l’indice MSCI World

J’ai également effectué mes propres tests, dans le but de comparer Value Averaging et DCA dans une situation fictive, mais avec des données bien réelles.

Imaginons que vous ayez reçu un héritage de 120 000 €, et que vous souhaitez l’investir dans l’indice MSCI World (le choix peut être discuté, mais cela permet de prendre un exemple simple et concret).

Évidemment, il serait impensable d’investir cette somme-là d’un coup. D’après Vanguard (l’étude de référence citée en début d’article), vous seriez statistiquement gagnant dans 68 % des cas. Toutefois, il ne s’agit que de probabilités :

  • Si vous êtes dans les 68 % de statistiques gagnantes, investir en une seule fois était la meilleure décision possible, car le marché a monté. Félicitations !
  • Si vous êtes dans les 32 % de statistiques perdantes, vous avez tout investi au mauvais moment, juste avant une baisse. Vous avez sûrement envie de vous arracher les cheveux.

Pour éviter de jouer à la roulette russe avec votre héritage (et encore, les probabilités seraient meilleures car vous n’auriez que 16,7 % de chances de perdre), vous envisagez un investissem*nt fractionné sur 12 mois. Cependant, vous hésitez entre VA et DCA.

Vous vous demandez ce qu’il se passerait si vous investissez durant la pire crise des 50 dernières années, ou durant une année exceptionnellement bonne pour les marchés.

Faisons le test ensemble. Nos années témoins seront :

  • 2008 pour la pire année possible (l’indice MSCI World a perdu -36,7 % de sa valeur).
  • 2021 pour une excellente année (l’indice MSCI World a progressé de 32,6 %).

Premier cas de figure, 2008. Commençons par le VA.

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Vous investissez vos premiers 10 000 € en janvier. En février, le MSCI World a perdu environ 3 %, votre portefeuille tombe à 9 700 €. Vous investissez donc 10 300 € pour atteindre l’objectif des 20 000 €, puis continuez ainsi de suite chaque mois.

En octobre, vous investissez plus de 19 000 €, après une baisse significative (-10,23 %, la banque Lehman Brother vient de faire faillite le mois précédent). Au bout de 10 mois, il ne reste alors plus que 3 800 € à investir sur les 120 000 € de départ. Ils le seront en novembre.

Au passage, on peut constater l’extrême variabilité des sommes investies en mode VA : 19 000 € en octobre, contre moins de 7 000 € en août. L’adaptation aux cours vous fait faire le grand écart.

Résultat des courses : une fois totalement investi, le portefeuille vaut 91 635,73 € au 31 décembre 2008. Par rapport au 120 000 € initiaux, la perte est de -23,64 %.

Malgré cette perte, les résultats sont excellents puisque le MSCI World a perdu -36,7 % en 2008. Le VA a donc surperformé le marché de + 13 %.

Et maintenant, si vous aviez investi avec le DCA ?

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Ici, les 120 000 € sont simplement fractionnés en 12 : 10 000 € sont investis chaque mois pendant un an.

Au 31 décembre 2008, le portefeuille vaut 83 650,13 €, ce qui correspond à une perte de -30,29 % sur les 120 000 € investis.

Le DCA a permis de freiner la chute, avec une surperformance face au marché de + 6,4 %.

En revanche, le DCA est nettement battu par le Value Averaging, qui a obtenu 6,7 % de performance en plus (ce qui représente près de 8 000 € en valeur absolue).

Si ce gain substantiel ne vous paraît pas démesuré, imaginez que ces 8 000 € restent investis encore 30 ans dans le MSCI World. Si l’indice progresse de 8 % / an (soit à peu près sa moyenne historique), ces 8 000 € se transformeront en 80 000 € dans trois décennies.

Maintenant, testons ces deux méthodes durant un puissant marché haussier, comme l’a été celui de 2021 (le MSCI World a progressé de + 32,6 %).

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Dans le cas du VA, contrairement à 2008, il reste encore plus de 15 000 € à investir au bout d’un an.

La raison est que les cours ayant globalement fortement augmenté, la VA a freiné l’investissem*nt, qui est inférieur à 10 000 € pour 9 des 12 mois.

Pour autant, l’investissem*nt ne s’est pas éternisé, puisque le retournement de début 2022 a permis d’investir près de 15 000 € en janvier 2022 (reste alors un reliquat de 400 € pour février).

L’investissem*nt s’est donc déroulé sur 14 mois, avec comme résultat obtenu 126 463,98 € pour 120 000 € investis, soit une performance de + 5,39 %.

Bien que positive, cette performance est nettement inférieure à celle du marché (+ 32,6 %), qui aurait pu être obtenue en investissant l’intégralité des 120 000 € d’un coup le 1ᵉʳ janvier 2021.

Mais nous avons évacué cette possibilité en choisissant le fractionnement, pour protéger l’investissem*nt contre les pires cas de figure possibles (comme on vient de la voir avec 2008).

Comment les choses se seraient-elles passées avec le DCA ?

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Le fractionnement à parts égales sur 12 mois a permis d’obtenir 126 130,84 €, soit une performance de + 5,11 %, légèrement inférieure au VA (+ 5,39 %).

Conclusion : même si le VA a exigé une période d’investissem*nt plus longue (14 mois contre 12 pour le DCA), le résultat penche ici aussi en faveur du VA.

Nous pouvons donc conclure que le VA est supérieur autant durant les fortes baisses que les fortes hausses. Les tests sur le MSCI World rejoignent l’étude de Paul S. Marshall, citée plus haut.

Les avantages du Value Averaging sur le DCA

Le Value Averaging oblige l’investisseur à faire des investissem*nts plus importants lorsque les prix sont en baisse, et moins importants lorsqu’ils sont élevés, tandis que le DCA ignore l’évolution des prix.

Comme le DCA, le VA permet d’éviter l’un des principaux pièges qui guettent les investisseurs : acheter lorsque le marché est déjà haut, et revendre lorsqu’il baisse.

Pourtant, la grande force du Value Averaging est de pouvoir s’adapter aux conditions de marché, contrairement au DCA.

Ainsi, dans le cas où l’on se retrouverait à investir en période de forte baisse ou de krach boursier, le VA permettra d’en tirer pleinement profit, en maximisant l’investissem*nt.

Au contraire, si le marché venait à s’emballer ou à partir en bulle, le VA nous forcerait à moins investir, voire à vendre dans les cas extrêmes.

Edelson a notamment déclaré, concernant le VA :

C’est à peu près aussi proche «d’acheter bas, vendre haut» que ce que nous pouvons obtenir sans boule de cristal.

Michael E. Edelson

Le coût d’achat moyen plus avantageux du VA lui permet effectivement d’obtenir une meilleure performance relative que le DCA.

En revanche, le DCA pourra parfois obtenir la meilleure performance absolue, mais au prix d’une plus grande somme investie.

Les inconvénients du Value Averaging

Si le marché monte pendant longtemps, l’investissem*nt est reporté et s’effectuera probablement à des cours plus élevés. Il y a donc un risque à trop réduire le montant à investir.

Pour le limiter, il vaut mieux éviter de fractionner un investissem*nt sur une période trop longue (deux ans ou plus).

Également, le VA peut, si le marché monte trop vite, nécessiter de revendre des actifs. Voilà qui peut aussi s’avérer perturbant, pour une méthode d’investissem*nt.

Inversem*nt, investir de plus en plus alors que le marché s’effondre peut aussi être perturbant psychologiquement.

En ce qui concerne les implications pratiques de l’utilisation du VA, il faut noter sa plus grande complexité : vu que la somme à investir change tous les mois, il n’est pas possible d’automatiser l’investissem*nt. Au contraire, un tableau de suivi sera nécessaire pour calculer l’investissem*nt à faire en fonction de la cible à atteindre et de l’évolution du portefeuille.

Fiscalement, le VA pourrait s’avérer un peu moins efficient, dans le cas où il indiquerait de revendre des titres, et si le portefeuille est dans la seule enveloppe qui fiscalise les ventes (le compte-titres). Concrètement, il sera assez rare de devoir revendre des titres, notamment en investissant dans un large indice boursier, et donc sauf à appliquer le VA sur un titre individuel, un indice sectoriel ou un actif spéculatif (métaux, cryptos…).

L’approche du DCA est donc plus confortable, à la fois techniquement (la somme à investir ne change pas) et psychologiquement (on n’investit pas plus d’argent lorsque le marché plonge, on ne revend rien s’il monte trop).

Enfin, et même si la question ne se pose pas dans l’article, le VA est plus difficile à appliquer avec de l’épargne mensuelle, car le montant devant être investi est évolutif et pourrait parfois dépasser notre capacité d’épargne.

Un moyen de pallier à ce problème serait de placer les sommes non investies (lorsque le marché monte et qu’on investit moins qu’avec le DCA) dans un fonds monétaire ou obligataire, dans lequel il serait possible de piocher lorsque le VA exigera d’investir des sommes beaucoup plus importantes.

Néanmoins, le VA s’applique globalement mieux avec une somme importante à investir.

Conclusion

Les méthodes du Value Averaging (VA) et du DCA (Dollar Cost Averaging) permettent toutes les deux d’investir intelligemment une somme d’argent. Le VA semble toutefois pouvoir tirer le plus profit des fluctuations, en modifiant la somme à investir selon l’évolution du marché.

Tandis que le DCA maintient une somme identique à investir, le VA nous fera investir davantage lorsque le marché chutera, et moins lorsqu’il montera.

Chaque méthode a ses avantages, inconvénients et spécificités. L’utilisation du DCA ou du Value Averaging dépendra donc des circonstances et des besoins de chaque investisseur.

Les investisseurs cherchant l’approche la plus simple et passive possible, trouveront le DCA plus pratique à mettre en place, tandis que les investisseurs cherchant à optimiser leur prix d’entrée seront probablement plus intéressés par le VA.

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Author: Clemencia Bogisich Ret

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